Colloque IMPEC 2022 > Appel à communicationÀ la suite de l’exploration de la présence (2016), du corps (2018) et des sensorialités (2020), le colloque IMPEC 2022 propose d’aborder la thématique des interactions par écrans à la lumière de la notion d’espace. Comme on a pu le voir dans le contexte de pandémie qui nous a récemment obligé.e.s à revisiter nos pratiques, qu’il soit physique, métaphorique ou virtuel, l’espace est questionné par l’utilisation des écrans. « L’espace est à l’horizon de toutes nos perceptions » (Ibnelkaid, 2016 : 76) et la théorie de Merleau-Ponty « revient à penser l’espace non comme une sorte d’éther dans lequel baigneraient tous les objets mais comme un caractère qui leur soit commun [...] » (Ibnelkaid, 2016 : 76). Ce caractère commun demande à être redéfini dans le contexte écranique. Parallèlement, l’analyse des interactions a révélé l’importance de considérer l’espace comme « interactive and performative achievement » (Jucker et al. 2018: 86) : d’une part, les participant.e.s utilisent et s’accommodent de l’espace qu’ils ont à disposition ; d’autre part, ils.elles créent des espaces par leurs discours et leurs interactions. Nous avons vu se généraliser, avec la pandémie, des activités écraniques à présent intégrées au quotidien - lectures collaboratives, réunions, cours de sport, etc. jusqu’à la création de néologismes comme les « apéros visio » - qui forcent à repenser les espaces d’interaction. En effet, de plus en plus d’outils numériques transforment la configuration spatiale de nos interactions en revisitant l’espace privé, professionnel, artistique ou politique et en introduisant par exemple la géolocalisation dans nos usages (Licoppe 2013; de Souza e Silva 2013 ; Frith, 2014 ; Humpreys et Liao 2011). Ainsi la réflexion de Chabert (2012 : 205) reste d’actualité : « Comment se manifeste le sentiment d’espace dans les rapports aux écrans ? Comment nous approcher de cette perception des espaces de l’écran ? Le pluriel des espaces vécus nous paraît incontournable parce que la sensation d’espace est différente selon les écrans. » Comment concevoir la relation entre différents espaces (de l’écran, physique, imaginé, représenté, etc.) et les relations établies entre interlocuteurs entre ces espaces ? Est-ce sous la métaphore de la fragilisation (Licoppe et Relieu 2007), de la fragmentation (de Fornel, 1988), de la continuité, de l’imbrication, de la diffraction (Audet et Brousseau 2011) ? Quel est le rôle de « l’hybridité » (de Souza e Silva, 2016 ; Spagnolli & Gamberini 2002 ; Crabtree & Rodden 2008) entre différents espaces / types d’espace ? Ces relations sont à interroger dans le contexte du sens créé par les sujets. En effet, les espaces de l’écran sont-ils vecteurs d’agentivité ou occupent-ils un territoire qui pourrait être investi autrement ? À l’inverse, comment occupons-nous ces espaces écraniques pour en faire des territoires d’incubation ? Sont-ils un refuge comme le laisse entendre Chabert (2012 : 210) ? Par ailleurs, comment les espaces d’arrière-plan, les espaces intimes, sont-ils mis à mal, et comment chacun et le collectif s’accommodent-ils de ces intrusions, et de la tentation de l’extime (Rouquette 2008) ? Comment l’espace médiatique (media space) est-il perçu, approprié ou contourné ? Comment le passage par l’écran interroge, voire reconfigure, la relation entre interaction et distance physique ? Quel est le rôle de l’écran dans la construction de l’espace interactionnel (Broth 2009 ; Due 2021 ; Licoppe et Veyrier 2017 ; Mondada 2009, 2011) ? Comment les facteurs générationnels, de genre ou de cultures entrent-ils en ligne de compte ? Si « [e]n regard des échanges classiques, les technologies numériques ouvrent des « espaces » physiquement non situés, dans lesquels des interactions anonymes entre individus désincarnés peuvent se réaliser » (Ibnelkaid 2016 : 72), les pratiques écraniques modifient aussi nos territoires d’inscription, et nous soumettent à des forces tour à tour menaçantes (trolls, irruptions dans l’espace virtuel, fake news, traçage, deep fake) ou bienveillantes, socialisantes et créatrices (jeux, performances artistiques en ligne, applications collaboratives, expérience littéraire augmentée (Develotte et El Hachani 2021). Ainsi la dialectique de libération/oppression, gagnants/perdants telle qu’elle est véhiculée dans le langage et les interactions peut-elle être explorée à la lumière des espaces et des usages écraniques ? Par exemple, suite aux discours utopistes ayant accompagné l’émergence d’Internet et de l’ainsi nommé Web 2.0, plusieurs voix se sont élevées à partir de 2010 pour dénoncer les dérives de surveillance illégale liées à la participation sur Internet jusqu’à la crainte de l’édification d’une ère nouvelle sonnant la fin du libre arbitre au profit des data (Harari 2015). Comment théoriser d’une part ces réalités problématiques pour la construction de l’espace public, et d’autre part la capacité de mobilisation, visible par exemple dans les mouvements “#BlackLivesMatter” et “#MeToo”. Un prolongement serait également ce que Pereira (2012) nomme des zones virtuelles oppositionnelles, i.e. des espaces virtuels critiques et émancipatoires, des espaces où se développe « une pédagogie de la conscientisation et de l’empowerment favorisant une prise de conscience des rapports sociaux systémiques ». De même, la performance et l’agentivité de chaque individu et collectif peuvent être revisitées sur la scène écranique, virtuelle, augmentée ou avatariale. Que ce soit du point de vue de l’espace produit ou de l’espace processuel, en réception ou en émission, en reconstruction ou en déconstruction, nous vous proposons pour cette édition 2022 du colloque IMPEC, d’aborder la réflexion autour de ces 3 axes complémentaires, dont peuvent se saisir des disciplines et des protocoles méthodologiques variés : Axe A Axe B Axe C Références :
*** Modalités de présentation Nous prévoyons quatre modalités de présentations possibles :
Le détail sur ces modalités est disponible sur cette page : https://impec.sciencesconf.org/resource/page/id/57 La date butoir pour envoyer votre soumission en ligne est le 8 octobre 2021. Le dépôt est uniquement sur le site du colloque : https://impec.sciencesconf.org/submission/submit Pour nous écrire, une adresse unique : groupe.impec@gmail.com |
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